Vous les croiserez peut-être au rayon boulangerie, chopant la dernière miche de pain de mie pour leur goûter, ou alors un casque sur les oreilles en train de comparer les différents fromages vegan au rayon frais… Vous l’avez peut-être constaté : on remarque de plus en plus de jeunes qui font leurs courses à La Louve. Intérêt momentané ou tendance de fond ? Nous avons mené l’enquête.

D’abord, quelques chiffres : si la grande majorité des coopérateurs ont entre 30 et 39 ans, fin 2023, le magasin comptait 980 coopérateurs de moins de 30 ans, dont 232 de 25 ans ou moins. Dans les faits, les jeunes ne représentent qu’une toute petite part du nombre total des coopérateurs, mais c’est parce que le nombre de coopérateurs ne cesse de croître : en 2016, année d’ouverture du magasin, La Louve comptait 3802 membres, alors qu’aujourd’hui nous sommes presque 9800 !

Pour savoir ce qui suscite leur intérêt, nous sommes partis à la rencontre des plus jeunes coopérateurs de La Louve. Parmi eux, Marin, 17 ans à peine, officiellement le plus jeune membre de l’histoire du magasin (lisez son portrait par ici). Pour rappel, l’âge minimum d’inscription à La Louve est de 16 ans avec une autorisation parentale signée : c’est l’option qu’à choisie ce jeune garçon originaire de Savoie, venu faire ses études d’architecture à Paris. « Mes parents sont très à cheval sur le bio, alors je cherchais un endroit à Paris où acheter des produits bio pas trop cher », explique Marin, qui loge chez sa grand-tante dans le 18e. « Ce qui est super, c’est que je peux m’acheter des choses que je n’achèterais pas en grande surface. Ce sont des produits de qualité à des prix raisonnables : je crois que c’est bien sûr utile quand on est étudiant mais qu, dans le contexte actuel, c’est intéressant pour tous ».

Yann, 17 ans, connaît bien le fonctionnement coopératif : il a fait sa scolarité au lycée autogéré de Paris. Désormais en première année de sociologie, il s’inscrit en septembre 2023 lors de son emménagement dans le 18e et a rattaché sa mère : comme elle a un emploi du temps chargé, c’est lui qui se charge des services mais tous deux bénéficient des produits de La Louve. « En plus, je suis déjà habitué à la gestion collective d’un certain nombre de tâches. Le fonctionnement des services au sein de La Louve est assez similaire au lycée autogéré,” raconte-t-il. Yann, qui compte le pain de mie et les chocolats parmi ses produits préférés à La Louve, a déjà parlé du magasin à certains de ses anciens camarades qui cherchaient des modes de fonctionnement alternatifs. « Mais je pense que ça attire principalement les gens qui vivent dans le quartier et ceux qui font partie d’un certain milieu. Je ne sais pas si en tant qu’étudiant, on a vraiment le luxe de pouvoir se poser des questions sur ce qu’on mange on regarde avant tout le prix »

Justement, l’un des grands avantages de La Louve est sa sélection de produits vegan à des prix avantageux, ce qui plaît particulièrement aux plus jeunes générations. C’est ce qui a attiré Elise, 20 ans, qui travaille dans l’hôtellerie et a rejoint La Louve en décembre 2023 : « J’essaie d’éviter le lactose, donc j’adore la sélection de produits vegan de La Louve, notamment les mousses au chocolat et le cream cheese », raconte-t-elle. « Le magasin est super pour des jeunes qui veulent faire attention à ce qu’ils consomment tout en ayant un petit budget. J’aime aussi le fait que ce soit un vrai supermarché, avec des produits de beauté ainsi que des produits pour la maison : désormais, j’achète aussi mon dentifrice à La Louve ! »

Alors les jeunes, fans de La Louve ? En réalité, c’est avant tout une question de proximité : les trois personnes mentionnées dans cet article habitent le 18e arrondissement. « Mes copines hallucinent quand elles viennent manger chez moi et que je leur sers des currys avec des légumes bio, du lait de coco et du tofu, qu’elles voient comme des produits chers » raconte Elise. « Mais elles me disent qu’elles habitent trop loin de La Louve et qu’elles auraient la flemme de traverser Paris toutes les semaines, ce que je comprends. » Marin a le même sentiment : « Ce serait bien que le magasin se développe et que La Louve essaime ailleurs dans Paris. Plus il y aura de petits louveteaux, plus il y a de chance qu’on en trouve un proche de chez soi ! Ce genre de magasin peut vraiment aider les jeunes, surtout en ce moment. »