Vous êtes très nombreux, depuis l’ouverture de La Louve à avoir demandé si la coopérative acceptait les tickets restaurant. Depuis le début, nous les refusons par souci d’équité entre les membres : nous n’avions pas fait de recherches poussées, mais nous savions que l’acceptation des titres restaurants coûterait du temps aux salariés et de l’argent à la coopérative, alors que seule une partie des membres disposent de ce moyen de paiement. En échangeant avec la Cagette (supermarché coopératif à Montpellier), nous avons découvert que certains de leurs coopérateurs avaient réalisé des recherches à ce sujet. Voici le résultat de leur étude, que nous avons complétée concernant les cartes de paiements. 

Quelques rappels importants sur les titres restaurant

Le titre restaurant (que nous abrègerons sous la forme TR ), aussi appelé ticket restaurant, est un moyen de paiement qui permet de payer et prendre des repas à l’extérieur de l’entreprise, souvent en l’absence d’une offre de restauration collective interne. Les titres restaurant sont assortis d’un certain nombre de conditions pour leur émission, leur attribution et surtout leur utilisation par le salarié pour pouvoir payer un commerçant pour financer tout ou partie de son repas. 

Les émetteurs des titres restaurant sont les organismes spécialisés dans la vente de ces derniers aux employeurs. Il s’agit principalement de sociétés privées. Les émetteurs se chargent de la commercialisation des titres, c’est-à-dire leur impression, leur vente et leur envoi aux employeurs. Présents au début du cycle, ils sont également à la fin du dispositif en assurant le remboursement auprès des restaurateurs et des commerçants. 

Puisque la valeur des titres est cofinancée par les employeurs et les salariés, les émetteurs se rémunèrent sur des frais d’émission (généralement en pourcentage total de la valeur commandée) et sur d’éventuels frais annexes. Nous y reviendrons plus loin. 

Les trois principaux émetteurs sur le marché français sont aujourd’hui : 

  • Edenred, qui commercialise les Tickets Restaurant à proprement parler, les plus anciens titres sur le marché français 
  • Le Groupe Up, une coopérative qui émet les titres Chèque Déjeuner  
  • Natixis, qui édite les Chèques Apetiz 

Le marché compte également d’autres émetteurs, notamment pour les titres dématérialisés, tels que Swile ou Octoplus. 

Enfin, pour pouvoir accepter des titres-restaurants, les établissements n’exerçant pas une activité de restauration traditionnelle doivent faire une demande d’agrément auprès de la Commission nationale des titres-restaurants. Nous avons connaissance d’au moins un supermarché coopératif ayant reçu un refus d’autorisation, car le supermarché coopératif n’est pas un établissement ouvert à tous.

 

 

Pourquoi nous n’acceptons pas les titres restaurant 

Un coût élevé 

Les coûts de chaque émetteur de TR sont assez nombreux. Les tarifs s’entendent par transaction hors taxes et sont supportés par le commerçant à chaque fois qu’un TR est utilisé chez ce dernier.
Il s’agirait donc d’une commission payée par La Louve à la société émettrice du TR, de la même manière que nous payons des commissions sur les paiements en carte bleue. 

Rappel : la marge commerciale pratiquée à la Louve est de 20% sur tous les produits (on achète un produit 1€ => on le revend à 1,20€). Cette marge commerciale sert à financer les frais de fonctionnement de la coopérative (loyer, électricité, salaires, maintenance, etc.). Cette marge de 20% nous donne donc peu de marge de manœuvre et permet difficilement de supporter des frais supplémentaires. 

Si nous devions supporter le coût de l’acceptation des TR, nous prendrions le risque de perdre de l’argent, à moins d’augmenter la marge. On mesure ainsi mieux l’impact que peut avoir le coût de la mise en place des TR. 

Les frais lors du paiement par carte TR 

  • Apetiz : 3.85% + 0.04€ / transaction. 
  • Chèque Déjeuner : 3.70% + 0.03€ / transaction. 
  • Swile (Lunchr) : 3.50% / transaction. 
  • Pass Restaurant : 3.75% + 0.08€ / transaction. 
  • Resto Flash : 1.95% / transaction. 
  • Ticket Restaurant : 3.80% + 0.04€ / transaction. 
  • Wedoofood : 3.50% / transaction. 

NB : lors d’une transaction par carte bancaire classique, nous supportons en moyenne, hors abonnement, des frais de l’ordre de 0,35% par transaction. 

Comme vous pouvez le voir, les commissions sur les TR sont donc très élevées. Cela est dû au fait que les émetteurs de titres avancent l’argument « d’apporteur d’affaire ». C’est-à-dire qu’ils considèrent la part de 3% comme une commission d’apporteur d’affaire, et le reste comme des frais techniques. Ainsi les restaurateurs, par exemple, se retrouvent obligés de payer comme si le client était venu chez eux grâce à l’émetteur de la carte TR, et non spontanément… 

Les frais lors de l’utilisation des chèques TR 

  • Apetiz : 4.80%, si règlement à 3-5 jours. 1.77% si règlement à 21 jours. 
  • Chèque Déjeuner : 4.60%, si règlement à 3-5 jours. 1.95% si règlement à 21 jours. 
  • Swile (Lunchr) : Non proposé par l’établissement. 
  • Pass Restaurant : 4.99%, si règlement à 3-5 jours. 1.55% si règlement à 21 jours. 
  • Resto Flash : Non proposé par l’établissement. 
  • Ticket Restaurant : 4.90%, si règlement à 3-5 jours. 1.70% si règlement à 21 jours. 
  • Wedoofood : Non proposé par l’établissement. 

A ces coûts s’ajoutent ceux de la CRT (Centrale de règlement des titres), l’organisme chargé de la collecte et du remboursement des TR. 

Pour chaque remboursement via la CRT, il faut ajouter 6.60€/remise + 1.40€ pour l’expédition. Vous oubliez de mettre le tampon de l’établissement, ou il est illisible ? 10€/remise en supplément. Le bordereau est absent ou présente une erreur / pas lisible ? 10€/remise également… 

Le coût d’utilisation des chèques est donc encore supérieur à celui des cartes, qui comme nous l’avons vu plus haut, était déjà très élevé. 

Frais supplémentaires 

Dans tous ces coûts, il faut encore rajouter les frais d’inscription à la CNTR et à la CRT, ainsi que les frais liés aux abonnements et affiliations vers les différents émetteurs de TR. 

 

Une mise en place assez lourde 

Pour accepter les TR, le commerçant doit d’abord se déclarer : 

  • Auprès de la CNTR (Commission Nationale des Titres Restaurant) 
  • Auprès de la CRT Services (Centrale de Règlement des Titres) 
  • Auprès de chaque émetteur de TR qu’il souhaite proposer au client. La procédure est plus ou moins simple en fonction de l’émetteur 

Par ailleurs, il nous faudrait référencer l’ensemble des articles qui peuvent être payés avec des titre-restaurants. Il nous faudrait également payer un développement informatique pour détecter lors du passage en caisse ce qui peut être payé avec un titre-restaurant et pouvoir scanner en caisse ces derniers.  

Enfin, si la Louve acceptait les TR, elle devrait ensuite se faire rembourser de ceux-ci. Hormis l’avance de trésorerie que cela implique, la gestion des titres-restaurants suppose une certaine lourdeur administrative.  

  • Dans un premier temps il est nécessaire d’ouvrir un compte affilié auprès de l’organisme de remboursement qui est la centrale de règlement des titres (CRT) 
  • puis, pour obtenir les remboursements des TR, il faut ensuite envoyer ces derniers en respectant plusieurs règles (rangement, remplissage de bordereaux, envoi…).  

Cependant, le marché des TR tend de plus en plus vers le titre dématérialisé, ce qui simplifierait leur utilisation et diminuerait leur coût pour le commerçant.  

En conclusion, devant le peu de demandes et compte tenu des deux points précédents, nous avons jusqu’à présent pris la décision de ne pas mettre en place le paiement par TR. 

Si nous instaurions l’acceptation de ces titres, la coopérative engagerait des frais pour un système qui ne bénéficierait qu’à certains. Pour ces raisons, nous aimerions que ce moyen de paiement soit discuté en AG avant mise en place.