Par une belle journée d’été, Audrey, responsable communication et développement durable m’accueille aux vergers de la Caffinière, à Remouillé, à 30 km au sud de Nantes, pour une rencontre avec les Coteaux nantais.
Les Coteaux nantais ont commencé à produire des pommes sur 2 hectares en 1943. À la fin de la guerre, une surproduction de pommes les amène produire des compotes (déjà bio). Aujourd’hui, ils produisent sur 105 hectares des pommes, toujours et encore, avec 44 variétés, mais aussi des poires, des kiwis, des fraises…. Il y a même quelques légumes, vendus dans le cadre d’un petit marché local aux gens de la région.
139 salariés, qui travaillent 4 jours par semaine, transforment ces fruits en jus (pomme, pomme-poire, pomme-cassis…) en compote, en purée et même en confiture. 35 000 pots sortent chaque jour de l’usine.
Au fait, c’est quoi la différence entre de la purée de pommes et de la compote de pommes ? Eh bien, me précise Audrey, la compote contient 15 % de sucre, la purée pas du tout. Le sucre vient du Paraguay et est bio et équitable bien sûr.
Les fruits qui ne sont pas produits dans les vergers sont importés dans le cadre de filière bio et équitable, du Bénélux, d’Espagne, d’Italie et même de Turquie pour les fraises (avec une filière Demeter et équitable)
Si le label bio date des années 1990, la production se fait en biodynamie. On met en œuvre des moyens les plus naturels possibles, en respectant la nature pour que la terre travaille toute seule, sans aucune intervention humaine. Cet engagement biodynamique se traduit, entre autres, par le respect du label Demeter, bien plus exigeant que le bio, notamment sur le patrimoine génétique des arbres, la qualité et le respect du sol, l’encouragement du lien avec les animaux…. Par exemple, les vergers ne sont que très peu arrosés : du coup les racines des arbres vont jusqu’à 2 à 3 mètres de profondeur, pour aller chercher de l’eau, alors qu’elles ne dépassent pas 30 cm en agriculture traditionnelle.
Aux Coteaux nantais, ce sont des moutons qui tondent l’herbe dans les vergers, les haies potagères protègent la biodiversité, un apiculteur travaille à surveiller la pollinisation par des abeilles, les mauvaises herbes apportent des messages sur l’état du sol, les insectes sur les arbres…
L’équation n’est pas toujours facile : en effet, certains arbres ont quand même besoin d’être arrosés, comme les kiwiers. Du coup, l’eau de lavage de l’usine est récupérée via la station d’épuration pour leur arrosage et les aider à supporter la grande sécheresse de l’été.
Autre problème, la larve de carpocapse, aussi connue sous le nom de ver de la pomme ou de la poire. Le carpocapse est un papillon de nuit, dont la période d’activité est liée aux températures nocturnes plutôt douce (supérieures à 16 °C) et qui pond dans les fruits (pommes, poires, etc.). La couverture des vergers par un filet n’est pas une option en biodynamie, donc ce sont les mésanges qui vont venir à la rescousse des fruits, en dévorant les larves. Mais il faut leur mettre des nichoirs et surtout de quoi boire sinon elles vont elles aussi manger les poires, pour se désaltérer… C’est donc tout un équilibre fragile qu’il faut préserver et que le réchauffement climatique met à mal. Les responsables des vergers doivent redoubler de créativité et penser aux espèces à planter pour récolter dans 10 ans, afin qu’elles résistent à la chaleur et aux sécheresses qui séviront sur les doux coteaux de la Loire.
Coté produits, les Coteaux nantais ne sont pas en reste : ils gagnent chaque année un prix pour un meilleur produit bio de l’année, cette année la compote pomme-banane qui est dans nos rayons). Ils exportent 15 % de leur production : leurs fameuses confitures de fraises (les meilleures du monde, parait-il, mais elles ne sont pas vendues à la Louve) vont jusqu’au Japon et en Arabie saoudite. Ils produisent également pour des marques distributeurs, Biocoop, Naturalia, Fauchon, et des marques étrangères.
Les Coteaux nantais mènent désormais un nouveau combat, celui de la consigne. Quand on achète du jus ou de la purée de pommes, on garde, après consommation, un contenant en verre. Ce dernier peut être recyclé, bien sûr, mais pour cela il doit être refondu à 1400 °C. Or, cela coûte de l’énergie (beaucoup, beaucoup) et de l’argent. Pour éviter ce recyclage, il faudrait revenir à la consigne. Des tests consommateurs ont été faits par l’État en 2021 et ont montré que les consommateurs étaient prêts à ramener leurs contenants en verre vides en magasin gratuitement. Super ! Mais les magasins, – et nous à la Louve, on est bien placés pour le savoir – ne peuvent pas stocker des tonnes de contenants en verre différents en attendant qu’ils soient récupérés pour être lavés et réemployés. Notre quai de livraison n’y survivrait pas ! Audrey, des Coteaux nantais, a donc réuni tous les acteurs de la filière pour leur demander que tout le monde passe à la même forme de bouteille, de bocal, de pot, pour faciliter la vie des magasins et réintroduire la consigne. Les dents de beaucoup d’industriels grincent car pour eux, la forme du pot est une sorte de marketing qui fidélise le client. Mais comme dit Audrey, « A-t-on le choix ? Il faut continuer à se battre, si ce n’est pas pour nous, c’est pour nos enfants ! »
À la pointe de l’innovation, les salariés des Coteaux Nantais se battent pour préserver leur métier tout en protégeant la planète. Alors, quand vous choisirez dans les rayons un jus ou une purée ou une compote des Coteaux nantais, vous contribuerez à ce combat !