Toujours à l’affût des histoires incroyables qui font la vie de La Louve ? Voici le 2e épisode des Chroniques de La Louve !

Aujourd’hui, nous vous présentons Donia Berriri, musicienne, nouvellement coopératrice et pour qui La Louve a été le lieu d’une rencontre improbable !

Un lundi matin de janvier c’était l’inventaire à La Louve. Donia se rend à son premier service à La Louve avec, elle le reconnaît, un entrain modéré. L’idée d’un inventaire avec des inconnus masqués, peut-être ?  Pour les nouveaux, il est recommandé de se mettre en binôme avec un ancien, les binômes se forment rapidement, mais Donia se retrouve seule. La suite elle nous la raconte :

«  Mes deux voisins semblent des habitués du vrac et me proposent aimablement de me joindre à eux, on n’est jamais trop de trois pour le vrac. Nous descendons vers les distributeurs de café.

– Donc nous, on compte les grains ?

Ils rient. L’heure qui suit passe en une minute. On compte, on pèse, on note, on rit. Je passe un moment délicieux. On parle de la crise aussi, de l’impact sur les petits commerces. L’un deux est poissonnier et sa boutique semble bien marcher. Elle n’est malheureusement pas dans le coin. J’ai toujours trouvé qu’on manquait de poissons dans la Goutte d’or. Je demande alors à l’autre s’il travaille aussi.

  • Oui, dans la musique.
  • Tiens, moi aussi je suis musicienne. Que fais-tu exactement ?
  • Je suis programmateur.
  • Où ça, je connais peut-être ?
  • Dans une SMAC* à Massy.
  • Paul B ?! j’y ai joué plusieurs fois !
  • Ah bon, avec qui ?

On réalise qu’on s’est croisés à quelques occasions cette dernière décennie, alors que j’accompagnais des artistes en résidence chez lui. Je lui raconte que depuis je me suis mise à écrire et interpréter mes propres chansons, et lui confie avec le sourire que je me rappelle maintenant lui avoir adressé plusieurs mails à ce propos. Il rit. Puis il ajoute qu’il ne m’a probablement pas répondu, et qu’il s’en excuse. Je lui réponds que je comprends parfaitement, que je sais qu’à son poste on reçoit des centaines de mails par jour. Peut-être un peu moins par temps de covid ?… En effet, me confirme-t-il.

On passe à autre chose. Au riz peut-être. Je n’ai pas du tout envie de l’ennuyer avec le travail son jour  de pause. Il revient à la charge et me demande ce que je fais en ce moment. Je lui parle d’un nouveau groupe, Rhizomes, censé se produire pour la première fois à la fin du mois à Genève. Sans public bien entendu mais avec caméras. J’ai si peu joué ces derniers mois que je m’en réjouis. Il a l’air de s’intéresser à ce que je raconte et, chose rare dans ce milieu, il semble sincère. Je trouve plaisant de se rencontrer hors cadre, et me dis alors que ce moment est suffisamment précieux pour ne surtout pas essayer de lui vendre mon projet.

Mission accomplie, j’ai pris mes marques, chacun finit son inventaire en solo, on est là pour ça. En partant, on se croise à nouveau, et il insiste pour que je lui envoie ce que je fais, me dit qu’il écoutera et qu’il répondra cette fois. Je le remercie, on se salue chaleureusement.

Deux semaines plus tard, ma résidence prévue à Genève depuis un an s’annule. Sans grande surprise mais avec un profond dépit. On nous annonce à la veille du départ qu’on devra se tenir à 15 mètres les uns des autres. Cette période est un merveilleux révélateur de l’absurdité de ce monde. Je me décide alors à lui écrire et lui envoyer l’unique titre enregistré par le groupe. Une reprise de Lhasa qu’on a traduite en arabe et hébreu. Je lui raconte notre déception suite à l’annulation de notre captation suisse, lui dit que j’aurais préféré lui envoyer les vidéos de titres originaux, mais que cela prendra plus de temps que prévu. Il me répond le jour-même, nous félicite pour cette reprise, nous propose de venir travailler chez lui.

Depuis nous y avons fait deux intenses sessions de travail au plateau, une captation y a été réalisée, nous projetons d’y retourner dans les mois qui viennent… Rhizomes est né et avance plus vite qu’on ne l’aurait imaginé. Grâce à lui, à son équipe, à leur accueil généreux et spontané.

Grâce à l’inventaire de La Louve ! »

* SMAC abréviation pour Scènes de musiques actuelles

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En photo, le groupe Rhizomes