Un des facteurs décisifs qui oriente les salariés dans leur choix des produits à conserver ou non est le taux de ventes : l’outil le plus démocratique qui reflète fidèlement nos réelles habitudes de consommation. Il est possible qu‘une campagne d’information sur un enjeu puisse persuader assez de membres de ne plus acheter un produit, l’éliminant ainsi par « sélection naturelle ». Solution plus coopérative et plus durable que de juste l’interdire tout court.

Le niveau des ventes est à la fois pertinent pour une raison économique (si un produit ne se vend pas, il prend la place d’un autre qui pourrait se vendre), mais aussi le critère le plus objectivement démocratique :

  • un produit « idéal » qui ne se vend pas n’est peut-être pas si idéal que ça…
  • un produit « mauvais » qui se vend, autant le vendre à La Louve que de le snober, et que les coopérateurs aillent l’acheter ailleurs ! Ce que nous constatons depuis l’ouverture, c’est que la majorité des paniers qui passent en caisse comportent à la fois du bio et du non bio.

La gamme évolue aussi avec les propositions que nous faisons via le cahier de suggestions.

Quelques contraintes à prendre en compte

Pour rappel, il est estimé que l’équipe de salariés, réduite, assure environ 20 % des tâches nécessaires au bon fonctionnement du magasin, le reste est réalisé par les coopérateurs venant effectuer régulièrement leur service.

A la différence de petites boutiques, d’associations pour le maintien de l’agriculture paysanne (Amap), de groupements d’achats ou autres, La Louve offre une gamme très large de références. Cette grande quantité de produits et le nombre très réduit de salariés (12 salariés dont 10 salariés-acheteurs en 2021) ne nous permet pas, sauf cas particuliers, de traiter en direct avec des producteurs.

Avec 6 000 références en magasin, il n’est pas envisageable d’avoir, par exemple, 400 fournisseurs qui nous fourniraient chacun 15 produits. Cela impliquerait 400 commandes par semaine, 400 livraisons, 400 factures.

Ces livraisons se feraient probablement, qui plus est, par de petits camions à moitié pleins :pas très satisfaisant d’un point de vue environnemental…

On ne pourrait pas imaginer non plus passer les commandes seulement une fois par mois ou par trimestre, car nous serions obligés de commander en quantités telles qu’il nous faudrait probablement multiplier par dix l’espace de réserves que nous avons actuellement.

Chaque fois qu’un fournisseur est ajouté, les enjeux sont soigneusement pesés. Si un fournisseur est ajouté pour livrer chaque semaine 10 références, il faut compter 20 minutes du temps d’un salarié pour passer commande puis réceptionner informatiquement les produits à chaque livraison, puis 15 minutes pour traiter la facture à la fin du mois. Sans compter le virement pour payer la commande. Cela peut sembler peu, mais il faut garder en tête que ce travail ne serait que pour 10 produits sur 6 000 et qu’il faut multiplier ce temps par le nombre de fournisseurs nécessaires pour proposer la gamme complète souhaitée en rayons !

Nous passons donc la plupart de nos commandes chez des grossistes qui peuvent nous livrer chaque semaine sur une, deux, trois palettes ou un ou deux cartons des 100 à 500 références que nous commandons chez chacun d’eux.

Il y a quelques cas pour lesquels nous traitons directement avec les producteurs, toujours pour des raisons bien particulières :

  • forte demande des coopérateurs pour un produit très spécifique : les gourdes Qwetch ou les culottes menstruelles de La Culotte Parisienne par exemple, dont les articles sont vendus uniquement directement par ces deux marques
  • production très locale : les fromages de la Laiterie de la Chapelle
  • spécificité du produit : les fleurs de France, et de saison, de la boutique Désirée
  • pas, ou peu de grossistes existants dans le secteur souhaité : c’est le cas du vin, du pain et de la viande par exemple. Ainsi, nous travaillons directement avec les producteurs de vin, les éleveurs et les fournils.

À ce jour, la coopérative travaille avec environ 60 fournisseurs.