« Un plan pour la protection du site de Montmartre », « Nouvelle école à la Goutte d’Or : les parents ont gagné », « Grève des loyers à la cité Charles Hermitte », « Lutte contre le sida : le camion du métro Château rouge »… Retomber aujourd’hui sur la Une du premier numéro du 18e du mois (https://www.18dumois.info/), mensuel d’informations locales dans le dix-huitième arrondissement parisien, c’est faire une plongée de 30 ans dans l’histoire de ces quartiers du nord de Paris. Le journal est né au milieu des années 1990, à l’initiative de Noël Monier, journaliste, et de Jean-Yves Rognant, militant syndicaliste et politique, à la CFDT et chez les Verts. « En province, il y a les quotidiens régionaux qui parle de la vie locale, ici, il n’y avait qu’une page dans le cahier « Paris » du Parisien. Et on y parlait plutôt mal du dix-huitième, se souvient Sylvie Chatelain, lectrice des débuts, aujourd’hui présidente des Amis du 18e du mois, l’association éditrice du mensuel. « Il y avait une envie de faire un journal qui raconte la vraie vie de l’arrondissement, qui valorise sa vivacité, qui donne la parole à ses habitants. »

Indépendant mais pas neutre

Au départ, ils sont « quelques dizaines » à se croiser « dans des manifestations pour l’école, contre la ghettoïsation, la montée de la misère, les expulsions dhabitants vers les banlieues, le bruit, la pollution » et à faire le même constat « linsuffisance de démocratie locale, et dabord linsuffisance dinformation »[1]. L’idée de lancer un canard 100% nord-parigot émerge alors dans les esprits. Un café de la rue Duc, L’Alibi, des appartements de la rue Custine et de la rue Simart sont le théâtre de discussions animées, de brainstorming plus ou moins productifs, d’hypothétiques sommaires ébauchés sur un coin de table. Et puis, un beau jour de novembre 1994, un nouveau venu fait son apparition dans les kiosques de l’arrondissement. En deuxième page est publié un manifeste intitulé « Un journal pour des quartiers qui vivent », signé par une vingtaine de rédactrices et rédacteurs. Parmi les signatures, on trouve notamment celles de Didier Hassoux, aujourd’hui journaliste au Canard enchaîné, et de Caroline Monnot, actuelle directrice des rédactions du Monde. Le texte présente la ligne éditoriale du mensuel « indépendant de toute chapelle mais pas neutre » qui a pour ambition à la fois de « faire connaître la vie des quartiers, d’éclairer les modes de vie, la mosaïques des cultures, (et de proposer) une réflexion sur la démocratie au quotidien », s’autorisant des « coups de gueule, enquête à l’appui, contre les bavures policières, les louches projets financiers et les promoteurs aux dents longues ». Ce nouveau journal s’imagine alors comme « un trait d’union entre les citoyens, les associations et les quartiers ». « Et on s’y est toujours tenu », fait aujourd’hui le bilan, Noël Bouttier, journaliste, qui participe à l’aventure depuis le début.

Grandes et petites histoires

Trente ans plus tard, Le 18e du mois a gardé toute sa fraîcheur. « Journée du 8 mars : des femmes engagées dans la cité », « Grand hôpital Paris-Nord : un projet toujours contesté », « Manon Desserve : au Louxor, une passation en confiance », « Anzoumane Sissoko, militant dans l’âme »… Les titres qui s’affichent en Une du dernier numéro reflètent cette volonté de raconter « les grandes histoires (l’urbanisme, la mobilité…) comme les petites ». Coordonnée, depuis trois mois, par Maxime Renaudet, le rédacteur en chef, l’équipe bénévole regroupe une dizaine de plumes régulières auxquelles se joignent, de façon plus ponctuelle, d’autres contributrices et contributeurs. « Les profils sont variés, observe Sylvie Chatelain. Il y a des journalistes, à la retraite ou en activité, notamment des jeunes qui viennent faire leurs premières armes. Et puis, d’autres, comme moi, qui font complètement autre chose mais qui aiment écrire. » Une formation est proposée aux nouveaux venus par Marie-Odile, une ancienne journaliste. « Maxime forme aussi les nouveaux rédacteurs, un peu sur le tas, au fil des retours qu’il leur fait sur leurs articles », précise Noël Bouttier.

Nouveaux bénévoles

Un comité de rédaction a lieu en début de mois pour décider du sommaire. « Tout le monde peut proposer des sujets. Ensuite, on les répartit. Et chacun a une quinzaine de jours pour recueillir les informations et rédiger son article », explique Noël. Sylvie se souvient de ses premiers comités de rédaction, il y a dix ans. « Je ne disais rien, j’avais l’impression de ne pas avoir d’idée, confie-t-elle. Les autres de l’équipe me rassuraient en me disant : « Tu vas voir, peu peu, les gens vont t’identifier et venir te voir pour te suggérer de parler de ceci ou cela. » Et c’est effectivement ce qu’il s’est passé. Et puis tu deviens beaucoup plus observatrice, tu regardes les affiches… » Il lui arrive d’être ajoutée à des fils de discussion sur WhatsApp, comme récemment dans celui de parents d’élèves d’un collège du 18e. Il y est question d’une mobilisation contre la création des groupes de niveau imposés par le gouvernement. Cette actualité devrait d’ailleurs faire l’objet d’un prochain « dossier éduc », avec le risque de fermetures de classes dans certaines écoles de l’arrondissement. Les infos ne manquent pas, souligne Sylvie, « mais on n’a pas toujours suffisamment de forces vives pour en faire des articles ». Elle en profite pour faire passer un message : « Nous sommes toujours en recherche de nouveaux bénévoles (Annonce) pour écrire des articles, pour distribuer le journal une fois par mois dans les points de vente, pour chercher de la publicité et pour animer nos réseaux sociaux. » Avis aux amateurs.

Infos pratiques 

Le 18e du mois est en vente à la Louve, au passage en caisses.
Une partie de l’équipe rédactionnelle sera présente dans nos locaux le samedi 23 et dimanche 24 mars à partir de 10h pour présenter le journal.

Coordonnées

Association “Les Amis du 18e  du mois”
13 rue des Amiraux 75018 Paris

[1] Extraits d’un texte de Jean-Yves Rognant