Dans les coulisses des Alchimistes

Visite odorante dans un composteur à grande échelle

Depuis quelques années Les Alchimistes sont le fournisseur de La Louve chargé de collecter les bacs de biodéchets, pour ensuite les transformer en un riche compost, lequel est lui-même vendu dans le magasin. Cette belle boucle de circularité repose sur une transformation rondement menée chez Les Alchimistes, dont nous avons visité le site d’Epinay-sur-Seine.

Depuis le 1er janvier 2024, la réglementation impose aux particuliers comme aux professionnels de trier à la source les biodéchets et de les collecter pour qu’ils soient valorisés. Une pratique que La Louve a mis en place dès son ouverture – même si l’objectif reste d’en produire le minimum. L’année dernière, cela a permis aux Alchimistes de récupérer 4,64 t de biodéchets à La Louve. Ces derniers ont produit l’équivalent de 837 kg de compost.

Bien sûr, pour obtenir ce beau résultat, il ne suffit pas de mettre les biodéchets en tas et de laisser faire la nature. C’est une science que de fabriquer un bon compost en si peu de temps (3 à 4 mois) à partir de tous ces déchets alimentaires. Une science maîtrisée par les bien-nommés Alchimistes, qui forment un réseau présent dans une vingtaine de villes en France. Créé en 2016, le réseau se distingue notamment par son agrément en tant qu’entreprise solidaire d’utilité sociale.

A Epinay-sur-Seine, leur premier grand site ouvert en 2017, on a découvert un odorant processus à base d’organismes vivants, de sondes connectées et de pelles mécanisées.

 

Le cycle du compost et ses étapes

Collecte

Les bacs sont régulièrement collectés par Les Alchimistes (à La Louve, c’est une fois par semaine) et sont pesés dès qu’ils arrivent sur le site. Il faut savoir que chacun est identifié par un code-barre, ce qui rend son contenu traçable et permet de remonter à la source en cas de problème sanitaire.

Sur-tri

 

Le tri a beau avoir été fait en amont, un opérateur scrute encore le contenu des bacs collectés sur un tapis roulant, repère et écarte les éventuels intrus. Cela peut être un pot de yaourt, une serviette en papier, un emballage en plastique ou en métal, un lien synthétique attachant des fanes ou un élastique, qui compromettraient la qualité du compost ; mais aussi, un objet dangereux tel qu’un morceau de verre ou de céramique.
La qualité du tri est capitale, au point qu’elle est notée. A La Louve, nous faisons du bon travail puisque 100% de nos collectes ont été notées 3 étoiles – le maximum – l’année dernière.
Par ailleurs, dans certains cas les bacs peuvent être refusés. Si leur contenu est liquide par exemple, ou en présence de vers de mouche car leur contenu est alors concerné par une autre réglementation, celle des sous-produits animaux.

 

Broyage

A la sortie du tapis roulant, les biodéchets sont broyés menus. Le broyage permet d’accepter tous les aliments, du poisson aux restes d’assiette en passant par les agrumes et les os, y compris les gros. C’est une obligation, et aussi un des secrets du compostage multi-ingrédients.

Mélange

Responsable du site d’Epinay-sur-Seine, qui traite environ 700 t de biodéchets par an, Thibault nous explique que « faire du compost, c’est un peu comme faire une recette de cuisine. Les bactéries ont besoin d’eau, mais pas trop non plus, et il faut aussi de l’air. Le milieu ayant le bon équilibre réunit air, azote et carbone. » C’est pourquoi, selon la saison, il est nécessaire ou non de presser les biodéchets pour en extraire le jus. Le taux d’humidité doit être entre 50 et 60%. La matière pressée rejoint ensuite un bol mélangeur géant, où est ajouté du bois sous la forme de broyat.

Hygiénisation

Très vite après l’étape du mélange, de la vapeur apparaît. Elle provient de la montée en température qui se produit spontanément, en raison de la multiplication des micro-organismes qui vont décomposer la matière. Indispensable, cette étape permet d’éliminer les agents pathogènes comme les salmonelles. D’où son nom, hygiénisation.
La réglementation impose que la température monte à 70°C pendant au moins une heure. Chez Les Alchimistes, on est tranquille : cette température est atteinte pendant plusieurs semaines d’affilée.
C’est aussi à ce moment-là que le processus se fait le plus odorant. Pas besoin de voir les bactéries pour savoir qu’elles sont là. Nos narines les repèrent, et de loin. D’ailleurs les chats qui fréquentent le site se tiennent bien à l’écart.

 

Décomposition et brassage

Démarre alors une période pendant laquelle le mélange biodéchets-broyat est stocké à l’air libre dans un casier, avec une sonde de température connectée installée au cœur du tas. Régulièrement, tous les 10 jours environ, la matière est déplacée vers un autre casier grâce à une pelle mécanisée. Cela permet de faire circuler l’air et de brasser la matière de façon homogène, y compris dans les coins moins accessibles.

 

Stabilisation

Au bout de 2 à 3 mois, les micro-organismes ont fait leur travail, la matière a été dégradée. Le compost est alors passé dans un tamis, et ce qu’il reste du broyat est retiré pour être incorporé à un nouveau mélange, jusqu’à ce qu’il soit décomposé lui aussi. Le stockage pendant 1 à 2 mois permet de s’assurer que le compostage est achevé et qu’il n’y aura pas de remontée en température.

 

 

En tout, il faut 3 à 4 mois pour décomposer les biodéchets et obtenir une belle matière noire, fine et friable, sans odeur. Celle que l’on trouve en sachets de 2 et 20 litres vendus à La Louve. Sa qualité est contrôlée – elle répond à la norme NF U44-051 – et permet à tous d’avoir accès un engrais de première qualité, pouvant régénérer les sols et nourrir les végétaux.

 

Conclusion, ouvrez l’œil au moment de remplir le bac de biodéchets, pour faire le bon tri.

Et pour ceux qui sont curieux de voir le processus de visu, avec de passionnantes explications, le site d’Epinay-sur-Seine des Alchimistes propose une visite chaque mois, à réserver sur leur site.

Pour en savoir plus sur la valorisation des déchets organiques à La Louve : rapports d’activité des Alchimistes 2022 et 2023