C’est ce qui est arrivé à Corine Le Carrer, une louvette de la première heure … Docteur en ethnologie, Corine a effectué en 2015 une mission ethnologique d’un mois pour le Muséum national d’histoire naturelle à propos des boissons fermentées et notamment la boisson de chocolat. Cette mission la mène au Panama où elle visite la communauté Ngäbe.

La suite, Corine nous la raconte.

Cette communauté de Panama cultive le cacao et le consomme exclusivement sous forme de boissons, fermentées ou non. La culture cacaoyère se pratique dans la partie atlantique de son extension territoriale qui est grande. Les Ngäbe forment la première population amérindienne du Panama (quelque 214 000 personnes) et s’y répartissent largement sur la partie occidentale, occupant les deux versants atlantique et pacifique de cet étroit territoire.

En décembre 2016, faisant mes courses à La Louve je découvre dans le couloir qui mène aux caisses le présentoir chocolats et je lis avec un étonnement ému chocolat de Panama. La tablette a un emballage merveilleux et le verso l’est encore plus. Je lis que ces fèves proviennent de la coopérative Cocabo, celle-là même que j’avais visitée en juin 2015. Mon émotion fait couler des larmes qui inquiètent les coopérateurs autour de moi, que je rassure en leur disant que ce sont des larmes de joie. Et c’est alors que Mathilde, qui était dans les parages, entend parler de mon histoire de chocolat et m’encourage à organiser une soirée autour du chocolat. Elle aura lieu en janvier 2018 sur la péniche Antipode.

En janvier 2017, j’achète plus d’un kilo de chocolat en tablette, car je retourne quelques mois plus tard dans la communauté et je veux offrir aux habitants le produit transformé de leur travail. Lors d’une réunion, j’ai offert les tablettes et tous ont goûté pour la première fois leur fève transformée. Ils ont aimé leur cacao et l’un des fondateurs de la communauté a souligné « combien les blancs valorisaient le cacao et qu’eux devraient faire de même ». Le produit leur a plu beaucoup tout en remarquant « que l’emballage était pour les blancs ». Il est vrai que l’aspect naïf du dessin rappelle les tableaux du Douanier Rousseau et que l’exotisme est haut en couleurs. Il a été préféré un feuillage splendide à celui banal du cacaoyer ; un somptueux toucan posé sur une cabosse au lieu du simple écureuil, qui raffole tellement des fèves qu’il grignote les cabosses pour se les procurer. L’emballage est quand même magnifique et rend hommage à l’origine américaine du cacao.

Je ne consomme que ce chocolat pour son goût à la fois prononcé, ample et doux, et par solidarité !